dimanche 26 juin 2016

La table de travail est un monde… (Premier atelier d'été avec François Bon)





La table de travail, c'est celle qui est face au mur, s'y trouvent l'ordinateur, une petite étagère dans laquelle sont rangés quelques livres et divers papiers, des périphériques pouvant être utilisés ponctuellement avec l'ordinateur… sur l'étagère sont posés une lampe pour avoir plus de lumière en cas de besoin, la box et un appareil Bluetooth car le son de l'ordinateur est trop mauvais et écouter au casque est pénible voir parfois douloureux.
Là, sur la photo, il manque l'inséparable appareil photo, il est justement utilisé en vue de faire les clichés du montage qui accompagne ces notes.
Toujours sur la table, un peu partout, traînent des post-it et des morceaux de papier, recyclage de feuilles déjà utilisées et déchirées -pas découpées ce qui et réservé aux personnes soigneuses- en deux ou en quatre sur lesquelles sont notées des to-do lists, des pense-bêtes et des morceaux de textes épars. En ce moment, l'espace fumeur, à main gauche, regroupe le traditionnel paquet de cigarettes et les accessoires du vapoteur. C'est là aussi que sont posées diverses télécommandes : radio, télé, lecteur DVD… et qu’atterrit inévitablement le téléphone portable.
A main droite, l'indispensable théière et sa fidèle compagne la tasse, une boîte de mouchoirs en papier placée sur une panière dans laquelle s'entassent les paperolles pré-déchirées et des notes qui pourraient encore servir.
Derrière l'écran, le téléphone fixe, les lingettes pour nettoyer les lunettes et les écrans ainsi qu'une ancienne boîte en métal Craven A qui accueille les cartes mémoire ; elles servent aussi bien pour le Panasonic et le Nikon que pour le Zoom Q3 HD qui n'est pas souvent utilisé.

Mais l'appartement est petit, alors très vite dans l'exiguïté de la pièce principale, la pieuvre table de travail tend ses tentacules vers la grande table ronde sur laquelle s'accumulent les documents de travail en attente de rangement et les médications quotidiennes, la grande soupière qui vient de la grand-mère paternelle et qui contient pêle-mêle divers petits objets réunis là par le hasard : élastiques, trombones, centimes d'euro en cuivre, boutons, pressions, cartes inutilisées,... S'y déroule le plus souvent la gestion des papiers administratifs et les étapes intermédiaires de l'écriture manuscrite ou sur écran.

Une autre annexe intérieure de la table de travail est la méridienne. C'est un luxe, le seul dans cet appartement modeste où l'espace le plus important est réservé aux livres. Presque allongée, y lire et y annoter livres et documents… peut y être adjointe une petite table roulante qui supporte une pile de documents, les lunettes réservées à la lecture… une fois retiré tout ça, y installer l'ordinateur pour une consultation ou une notation rapide.

Enfin, ce petit deux pièces en rez-de-chaussée -même si ça n'a rien à voir avec le numéro 22 de la Ruelle d'Or, visité il y a quelques années, où séjourna Kafka durant l'hiver 1916-1917, aujourd'hui une minuscule librairie consacrée à son œuvre- c'est sombre. Alors, quelquefois, le besoin de lumière élargit la table de travail vers celles des terrasses des cafés, si possible chauffées à la mauvaise saison pour lutter contre l'humidité et le froid le cas échéant… De toute façon, toujours à l'extérieur car il faut pouvoir fumer ou vapoter. Là, l'écriture, le plus souvent manuscrite s'accompagne d'un thé, d'un soda, d'une bière ou d'un verre de vin en fonction de la température et de l'humeur. Il arrive même que cette table soit celle d'un fast-food voisin de l'appartement ; le bruit extérieur -métro et voie rapide- contribuant à un repli sur soi, en soi favorable à la décantation des idées et à l'écriture. Aux tables de travail extérieures, s'élaborent le plus souvent les premiers jets ou se finalisent les dernières mises en forme sur l'ordinateur.

...le monde est la table de travail.



Ce texte a été écrit dans le cadre du cycle d'ateliers d'écriture de l'été 2016 : « Back to basics, 1 | notes sur ma table de travail » proposé par François Bon, sur le Tiers-Livre.





mercredi 8 juin 2016

Mes participations au #sankulipo : seconde salve





Jean Baptiste Sambat - Portrait de Fabre d'Eglantine



A mi-chemin de l'année révolutionnaire, je vous avais fait partager #sankulipo et mes propositions de variantes. Voici donc maintenant celle du second semestre.


Sous l'impulsion et la houlette de Noël Talipo,ce projet d’un an a démarré le 1er mai 2015 pour se terminer le 30 avril 2016. Il a fait l’objet d’une parution quotidienne sur son site et sur twitter. Il se base sur le calendrier républicain: chaque jour a paru un haïku écrit en utilisant seulement les consonnes du nom donné par Fabre d’Eglantine au jour considéré. Si toutefois ce jour comporte une seule consonne ou aucune, on peut utiliser de plus les consonnes du nom du jour dans la décade (primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi et décadi).


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8 frimaire - Miel (28 novembre)
Ô, âme loyale,
loue l'Élu ; ému, il a
aimé l'Aïeule.


27 frimaire – Liège (17 décembre)
La Goulue, agile
gueule au loulou illégal :
« Allège, la Glue. »


4 nivôse - Soufre (24 décembre)
Froufrous affairés,
fière rosière effarée.
Fuis, sa furie fuse !


9 nivôse - Salpêtre (29 décembre)
Salue ta patrie...
Sur ta lyre, tes airs tristes,
petit pâtre sparte.


13 nivôse - Ardoise (2 janvier)
Sous ses airs de dur,
doudou rousse, sourde ardeur,
ses désirs d'ado.


17 nivôse - Marne (6 janvier)
Âme amie, marrane,
une ménora ranime.
Amère mémoire.


27 nivôse - Plomb (16 janvier)
Aube bleue opale...
Ebloui, il rappela 
la pâle pépée.


3 pluviôse - Fragon (22 janvier)
Naguère, un augure
fou, à frangine aguerrie
fourgua un griffon.


10 pluviôse - Coignée (29 janvier)
Icône ancienne :
une nonne nue égaie
un ange coincé. 


17 pluviôse - Lichen (5 février)
Achille a conçu
A l'hélicon, la chaconne.
En écho, l'échec !


24 pluviôse - Traînasse (12 février)
Sous un astre noir,
tonne ton rire sonore,
Saturne, tyran !


1er ventôse - Tussilage (19 février)
Sous les gaies saillies,
les gags salés à gogo,
seul, l'Auguste sait.


8 ventôse - Violette (26 février)
Il volte à vélo,
louvoie, lévite en volute...
Le voilà, Lulu !


15 ventôse - Chèvre (5 mars)
Echo à ce cri.
Acre aveu, coeur chaviré...
Ouvre ce verrou.


22 ventôse - Persil (12 mars)
Après les ripailles
arrosées au reuilly rose,
s'assoupir repue.


27 ventôse - Sylvie (17 mars)
Au val, le soleil.
Soie vive sous les lilas,
s'élève l'oiselle.


4 germinal - Tulipe (24 mars)
Pâle, il palpite...
il pelote la louloute.
Au pieu, peau à peau !


17 germinal - Mélèze (6 avril)
Allez-y mollo !
La zouloue émue zézaye.
Là, mezzo, zazous !


25 germinal - Pigeon (14 avril)
Pan ! Un gnon, ippon
inopiné, un nippon
poupin a gagné.


4 floréal - Aubépine (23 avril)
Bénie ou bannie ?
Une année à pouponner.
Aubaine ou pépin ?


7 floréal - Muguet (26 avril)
Matou mégotait...
Gigot ? Mouette ? Méga miam !
A goûté à tout.





vendredi 3 juin 2016

Vases Communicants du 3 juin 2016 : Invité : Noël Bernard : « Le temps s'est arrêté »




Nous avions convenu, Marie-Noëlle et moi, d'écrire nos textes sur le thème des "vases communicants", en respectant des contraintes oulipiennes que chacun de nous a imposées à l'autre. Marie-Noëlle m'a proposé d'écrire un pantoum ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Pantoum ) antérimé ( http://oulipo.net/fr/contraintes/anterime ).


D'abord proche du sablier, la clepsydre a été fortement améliorée en lui appliquant le principe des vases communicants. C'est pourquoi j'ai pensé à elle pour les secondes parties des strophes de ce poème, m'inspirant du sort malheureux de la belle clepsydre moderne de Bernard Gitton qui, après avoir orné la Plaine des Caffres à la Réunion, a été détruite par le cyclone Felleng en 2013. Les vases communicants sont aussi présents à mes yeux dans les premières parties des strophes, jusqu'à la dernière où les deux séquences parallèles viennent communiquer entre elles."

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Clepsydre de Bernard Gitton © Wikipédia

Le temps s'est arrêté


Parce que leurs mains se sont rencontrées
Courut dans leur chair un flot de chaleur.
Pareil à l'élan souple des marées
Courbe, en la clepsydre, est le temps fileur.

Courut dans leur chair un flot de chaleur
Et lentement leurs chemins se mêlèrent.
Courbe, en la clepsydre, est le temps fileur
Hélant ces fous dont le rêve est solaire.

Et lentement leurs chemins se mêlèrent
Parcours fougueux aux rebonds anguleux.
Hélant ces fous dont le rêve est solaire,
Par brusques flux sourdent les filets bleus.

Parcours fougueux aux rebonds anguleux
Où vacillent les étoiles filantes.
Par brusques flux sourdent les filets bleus
Ouvrant le compte acerbe des attentes.

Où vacillent les étoiles filantes
Les saisirent d'un coup l'ombre et le froid.
Ouvrant le compte acerbe des attentes
L'espoir a du retard, accourt l'effroi.

Les saisirent d'un coup l'ombre et le froid
Quand se sont donné l'étreinte dernière.
L'espoir a du retard, accourt l'effroi :
Qu'en ses débris clepsydre est sans lumière !

Quand se sont donné l'étreinte dernière,
Silence vint comme un caveau béant.
Qu'en ses débris clepsydre est sans lumière
S'illutant sous le limon fainéant.

Silence vint comme un caveau béant,
Paroi sourde où leurs âmes sont murées,
S'illutant sous le limon fainéant,
Parce que leurs mains se sont rencontrées.


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François Bon a été à l’origine de ces échanges le premier vendredi de chaque mois, que j’ai découverts alors qu’ils étaient coordonnés par Brigitte Célérier ; Angèle Casanova a pris le relais à partir de novembre 2014. Je remplace Angèle depuis le mois de novembre dernier.




Aujourd’hui, j’ai donc le très grand plaisir de recevoir Noël Bernard pour ces Vases Communicants et de publier son texte « Le temps s'est arrêté » chez La dilettante.


Je le remercie d'accueillir mon texte « Ça c'est bath ! » sur son blog : « Talipo : tapages libres, poèmes ».