mardi 31 janvier 2017

Terre des ancêtres




De pastels bleu-rose
le ciel se teinte ce soir ;
Confins de la nuit.
Effleurement et murmure ;
un frisson, tout s’assombrit.









mardi 24 janvier 2017

Tenir...






Sous le soleil âpre ;
de froidure, chiffonnée.
Supplique au printemps.

 
 


mardi 17 janvier 2017

Comme horizon, l’éternité…





Comme horizon, l’éternité…






Entretenir en soi, comme merveilles,
toutes les couleurs, harmonie du monde,
la lueur d’or des couchers de soleil,
des nuages cendrés le cri dans l’onde,
la clarté au bout de la nuit profonde.
Hors les chaînes, croire en la liberté,
infinité de voies à explorer.




Dans le silence lumineux du monde,
du bruit n’être plus le diapason.
Accueillir les résonances profondes,
scruter les abîmes de déraison.
Les lointains ne sont pas seul horizon.
Voyage secret, creuser son sillon,
de chenille devenir papillon.




Lorsque le présent ne s’imprime plus,
qu’en lambeaux, le passé se désagrège ;
aux éclats de souvenirs dévolue,
la mémoire, voilée de sombre neige,
joue ses derniers tours comme sortilèges.
Inattendue, s’offre une aube nouvelle :
inespérés dialogues de dentelle.




Par l’ultime faux-pas, vie chavirée.
Otage de ton corps lâché aux chiens,
ton esprit s’est peu à peu égaré.
Perdue malgré la compagnie des tiens,
en l’espace de quelques jours de rien,
chemin de souffrance enfin achevé.
En l’éternité, calme retrouvé.



Photographies : Françoise Gérard
Septains : Marie-Noëlle Bertrand


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Ce texte a été publié pour la première fois sur « Le vent qui souffle », le blog de Françoise Gérard, dans le cadre des Vases Communicants de décembre 2016. Ces quatre septains ont été écrits sur des photos choisies sur son site https://grandvent.wordpress.com/. Je la remercie de nouveau pour cet échange photographique et poétique.


 


mardi 10 janvier 2017

Chemin de mémoire



Sauter à pieds joints dans les graviers pour le plaisir d’esquiver l’escalier à une seule marche, comme pour le narguer. Respirer l’odeur du seringa qui sépare notre cour de celle des voisins ; quelques pas vers la cabane dite de devant car juste en face de la porte de derrière. Dans celle-là, trois armoires contenant conserves et confitures, ustensiles de cuisine et linge de maison peu souvent utilisés et nos vélos. Deux autres attenantes : une pour entreposer les boulets de charbon employés pour le poêle et la chaudière et celle du fond, plus un débarras.
Ouvrir la porte et sortir le mini-vélo jaune. Longer le garage en bois jusqu’à la petite place où mon père gare la voiture avant de la rentrer. Faire un arrêt près du compartiment où est stockée la boue pour le chauffage ; presque au bord du trottoir, avant de s’élancer, regarder à droite et à gauche bien que les automobilistes, tous parents d’enfants du quartier, soient très attentifs.
Descendre la rue Jacquard avec un regard pour chaque couple de maisons jumelles dont je connais tous les locataires ; ici un bonjour à une copine là un signe à une vieille dame. A la moitié de la rue, un puits identique à tous ceux qui émaillent la cité afin de donner aux mineurs l’accès à l’eau potable mais ne servant plus qu’à l’arrosage des jardins.
Arrivée en bas de la rue, engager le virage avec prudence et détermination. Faire bien attention à toutes les rues qui viennent de la droite car dans la cité pas de stop, c’est le règne de la priorité à droite.
Parvenue à la fronde que forme l’embranchement de la rue Buffon et du boulevard de Verdun, continuer presque tout droit sur celui-ci. Une dernière priorité à droite avant de virer à gauche sur la route de la ferme. De chaque côté, les prés, celui des vaches à senestre et celui des cochons à dextre, les regarder en évitant de se retrouver dans le fossé aux orties pas très accueillant pour les fesses.
Dans la cour, faire attention au Black, brave chien de berger, qui se précipite inévitablement pour manifester sa joie malgré tous les embêtements subis dans notre enfance. Jeter le vélo contre le grillage qui clôture la petite cour autour de l’appentis vert où mes grands-parents et ma tante vendent les produits de la ferme aux habitants de la cité ; c’est matin et soir le lait fraîchement tiré, tout au long de la journée les fromages de chèvres et les œufs et aussi, plutôt en fin de semaine, les volailles et les lapins vivants ou tués, prêts à cuisiner.
Jeter un coup d’œil dans la volière entourée de roses et de dahlias où roucoulent les tourterelles. Se précipiter dans la bassie pour déguster les douceurs préparées par ma grand-mère et les cheuneries à choisir dans la magasinette, le tiroir de l’armoire de la chambre du fond -inoccupée- où la verveine cueillie au jardin sèche sur le lit répandant son parfum si caractéristique. A l’adolescence, le même chemin avec le vélo bleu et la rejoindre dans la salle à manger pour l’initiation aux travaux d’aiguilles, à ces ouvrages qu’on dit de dames.

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Ce texte a été écrit dans le cadre du cycle d'ateliers d'écriture de l'hiver 2016-2017 : « du lieu, 2 | le mouvement, mais sans verbe » proposé par François Bon, sur le Tiers-Livre.





vendredi 6 janvier 2017

Vases Communicants du 6 janvier 2017 : Invitée : Danielle Masson



Catherine Vigier - Prendre soin - Technique mixte



Dialogue entre Valentine et l’auteure de ces lignes.

  • Je te reconnais bien là…
  • Tu pourrais me parler autrement Valentine.
  • Tu te plains de ne plus écrire pour les vases et là, tu manques complément d’à propos
  • Comment cela ?
  • Gentiment, on te demande si tu veux partager un vase…
  • Oui, j’accepte. J’en suis vraiment ravie. Six mois sans échange c’est trop long. Donc…
  • Donc, donc, la première des choses à faire était de demander de qui était le tableau
  • Qu’importe l’artiste, il m’a satisfait l’œil dès que je l’ai vu.
  • Oui mais quand même, tu aurais pu demander qui l’avait peint, à quelle époque ?
  • Moi, c’est l’œuvre que j’admire. Le reste viendra après
  • Non. Cela ne se fait pas. C’est peut-être celle qui t’a proposé ce partage qui l’a peint
  • Alors, je la félicite tout de suite car…
  • Et si ce n’est pas elle mais son grand-père ou son grand-oncle ou son facteur
  • N’importe quoi ! pourquoi pas son boucher aussi ou son poissonnier. Ou sa fille. Cela pourrait bien être un tableau peint par sa…
  • Tu divagues, tu élucubres comme d’habitude. Non, vraiment tu me déçois. Ne rien savoir de l’artiste. Tu as remarqué cet orangé, ces sept personnages autour du personnage central. Cette femme qui porte le monde…
  • T’as vu le chat ?
  • Quel chat ?
  • Tu vois… tu n’observes pas suffisamment
  • Où ça le chat ?
  • En bas à droite.
  • Le chat ? tu remarques le chat et tu ne vois pas la lumière qui se dégage de cette œuvre, tu ne cherches pas à en connaitre la genèse. Non, Madame, ne voit que le chat.
  • Oui, je vois le chat car il ressemble à Tortue, tu sais, la chatonne qui vient juste de fêter ses sept mois et qui adore s’installer au soleil près de toi.
  • Tu me chagrine. Je veux te parler d’art avec un grand A et toi tu me parles de Tortue, qui me grimpe dessus, m’ébouriffe, me plante ses griffes ou ses dents dans le bras…
  • Silence ! admire la finesse du trait. Admire ce tableau ! Savoure !

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François Bon a été à l’origine de ces échanges le premier vendredi de chaque mois, que j’ai découverts alors qu’ils étaient coordonnés par Brigitte Célérier ; Angèle Casanova a pris le relais à partir de novembre 2014. Je remplace Angèle depuis un peu plus d’un an.


J’ai donc le très grand plaisir de recevoir, pour la seconde fois, Danielle Masson à l'occasion de ces premiers Vases Communicants de l'année 2017 et de publier son texte sur La dilettante. Nous avons choisi d’écrire chacune à partir d’un tableau de Catherine Vigier.
Je la remercie d'accueillir mon texte « Dans la lumière vacillante de l’espoir » sur son blog « Jetons l'encre à Saint Maximin la Sainte Baume... »