mardi 29 mars 2011

"En lisant en écrivant"

En lisant...
"[Je] pose le vase sur la grande table, ouvre la radio et l'interlocuteur du journaliste à Bucarest ouvre grande sa fenêtre pour que nous parviennent en direct le tumulte des gens de la rue et les avertisseurs des voitures qui passent vite, gagnent le centre, tandis que dans la salle à manger une voix d'homme à la télévision donne les dernières nouvelles. Le différé est si bien logé en nous que le simultané étonne." (Claude Ollier, Cahier des fleurs et des fracas, édité chez POL)

...en écrivant.
J'ai changé l'eau de la bouteille coupée dans laquelle j'avais placé des renoncules en ces jours qui annonçaient le printemps. J'ai allumé la radio et le journaliste, dans le Nord du Japon, a dit les difficultés à atteindre les lieux où le tremblement de terre, le tsunami ensuite, les centrales nucléaires enfin ont accompli leur travail de destruction. Il dit qu'il neige et qu'il fait froid, il dit que des centaines de personnes ont pris la route, qui avec quelques bouteilles d'eau et de la nourriture, qui avec quelques vêtements, pour tenter de rejoindre, dans le Nord, quelque membre de sa famille et lui apporter un peu de réconfort.
Là, chez moi, face à quelques pétales tombés, évoquant la fragilité et l'impermanence, je pense à ces Japonais, dépouillés de tout par une nature impitoyable et confrontés au pire par l'inconséquence humaine.
Fracas discret de ces quelques pétales, fracas secret de ces vies défaites.


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