jeudi 29 octobre 2015

Dissémination du 30 octobre 2015 : Stéphane Bataillon


En 2011, j'ai découvert la poésie de Stéphane Bataillon grâce à l'émission, hélas disparue, «Ça rime à quoi». Il publiait alors son premier recueil aux Editions Bruno Doucey : «Où nos ombres s'épousent», pudiquement évocateur d'un deuil, qui fut suivi d'un second : «Les terres rares» , tout aussi lumineux, composé dans l'attente d'un enfant.

Je me suis également rendu sur son site où il présente un travail plus expérimental, en tout cas plus dans l'expérimentation.

Je suis «littéraire» et j'ai peu de notions scientifiques fermes ; pourtant, récemment, j'ai été capturée / captivée par «Élémentaire» qui articule des formules de physique et des mots pour tricoter un texte qui fait sens, et sourire aussi.

Stéphane Bataillon était présent au Salon de la Revue pour sa participation au numéro deux de «Pan», revue de création en littérature et en illustration. Lors de notre courte rencontre, il m'a autorisée à disséminer ce texte et je l'en remercie. Il a eu le temps de me confier qu'il n'était pas non plus féru de physique et qu'à partir de son idée d'écriture, il l'avait composé grâce à des recherches sur Internet.






Il partage également en ligne un mensuel numérique, poétique et gratuit : «Gustave». Le numéro 47, consacré à la ponctuation (thème de la prochaine dissémination) en poésie n'est plus disponible ; en effet, Gustave est accessible uniquement durant son mois de parution. Il disparaît ensuite des internets. Les anciens numéros ne sont donc pas (et ne seront jamais) disponibles, c’est le concept.





 


lundi 5 octobre 2015

vendredi 2 octobre 2015

Vases Communicants du 2 octobre 2015 ; Invitée : Marie-Christine Grimard.



Lors des Vases Communicants de juillet sur le blog de Danielle Masson, j'avais terminé mon texte par une invitation :
(A suivre…
Comme une invite à Marie-Christine Grimard pour un futur Vase Communicant, si elle y consent. Quand je relis ce fragment inaugural, je trouve en effet qu'il pourrait ouvrir une histoire comme celles qu'elle partage sur son blog.).

Lorsque j'ai contacté Marie-Christine Grimard pour qu'elle poursuive ce texte dans le cadre de ces VasesCo d'octobre, elle a accepté et je l'en remercie de tout coeur.


Aujourd’hui, j’ai donc le très grand plaisir d'accueillir Marie-Christine Grimard pour ces Vases Communicants et de publier sur La dilettante « La poupée 1 », suite qu'elle a écrite à Straw doll. Je poursuis et termine ce texte sur son blog avec « Poupée 2 ».



La poupée 1/2

Photo de Danielle Masson



Le tintement de la clochette résonna jusqu’aux tréfonds de la maison, rebondissant sur les murs du corridor, faisant frissonner les feuilles de la glycine au-dessus du portail. La poupée de paille sembla alors accentuer son sourire en signe de bienvenue.

Jane avait toujours été une fille courageuse mais le sourire de cet épouvantail grimé en jardinière lui semblait de mauvaise augure. La figurine accrochait ses moignons de raphia, aux barreaux du portail et fixait le mur voisin de ses yeux en bouton de bottine, mais son sourire écartelé entre deux pommettes roses ne parvenait pas à adoucir l’expression hostile de son regard fixe. Jane essaya de ne pas penser à ces films d’horreurs où l’assassin était grimé en clown, c’était trop tard pour reculer. La sonnette retentit de nouveau sans qu’elle n’ait touché la chaîne, comme pour lui signifier son impatience.

Après avoir jeté un coup d’œil par-dessus son épaule, implorant vainement du regard l’aide des rares passants indifférents à son émotion,  elle se décida à franchir le seuil. Elle n’avait fait que deux pas dans le corridor lorsque la porte se referma brusquement derrière elle, dans un bruit de tonnerre. Elle faillit battre en retraite, lorsqu’il lui sembla entendre un rire étouffé provenir de la poupée du portail. Glacée d’effroi, elle partit en courant dans le couloir sombre jusqu’à une issue qui lui semblait donner sur le jardin. Elle se heurta à une porte close. Affolée, sans savoir pourquoi, elle avisa un escalier en colimaçon et s’y engagea sans réfléchir. Elle s'arrêta sur le palier de l’étage, reprenant son souffle. Le silence régnait et une douce lumière entrait par la fenêtre de la pièce du fond. L’atmosphère était paisible, l’odeur du parquet fraîchement ciré et la couleur de miel des murs vernissés, lui rappelaient la maison de sa grand-mère.

Elle se dirigea vers cette lumière, si douce qu’elle était sûre que rien de fâcheux ne pourrait lui arriver si elle la suivait. Elle entra dans la chambre, s’approcha de la fenêtre jusqu’à pouvoir toucher le rayon de miel qui filtrait à travers les rideaux. En contre-bas, le jardinet était planté de tournesols, dont les fleurs géantes semblaient la dévisager du même regard que celui de la poupée de raphia.

Elle perçut sa présence avant même de l’entendre et se retourna brusquement au moment où une voix de vieille femme s’élevait dans la chambre. Elle était assise à un bureau d’école en bois buriné de coups de règles et de taches d’encre, habillée d’un tablier de jardinier décoré d’une fleur de tournesol, et d’un chemisier blanc parsemé de fraises. Jane eut l’impression de se trouver devant le modèle humain de la poupée du portail.

La vieille femme sourit découvrant les rares dents qui lui restaient et lui dit :

- Eh bien, ma petite, tu as été bien longue, encore quelques heures et j’allais perdre patience !



François Bon a été à l’origine de ces échanges le premier vendredi de chaque mois, que j’ai découverts alors qu’ils étaient coordonnés par Brigitte Célérier ; Angèle Casanova a pris le relais à partir de novembre 2014. Je vais essayer de prendre le relais à mon tour pour la liste mensuelle. Vous qui lisez ce texte, pensez aux VasesCo pour que vivent ces beaux échanges.