jeudi 18 février 2016

Extinction...




« Ce qu'inspire l'image est toujours
au delà de toute interprétation.
C'est dans notre profond silence
que s'élève la poussière et le grain ».



Jean-Louis Bessede - Série disparition des espèces 10 - Technique mixte sur MDF - 130 cm x 97 cm


Sous le carcan du Temps, sous le regard de la Chimère, entendrons-nous l'ardent appel de ces présences secourables ; ombres évanescentes, elles nous implorent de les écouter.





Je les sens près de moi.




Êtres futiles, pérégrins d'un Univers que nous avons outragé, bientôt arrive la saison de rejoindre la cohorte. Condamnés par notre orgueil, nos pas s’éteignent...




Tristes survivants sur cette Terre que nous détruisons,

tristes lambeaux de cette Nature que nous avilissons,

tristes frères de cette Humanité qui s'entre-déchirent.




Dans le brouillard impénétrable, dans un frisson d’espoir, j'articule un vœu.

Ô Terre qui nous a été confiée et dont nous ne sommes que les passagers, si nous savons te redonner ta sacralité, nous ne disparaîtrons pas !




Je les sens près de moi, je les entends.







Pour découvrir l’œuvre de Jean-Louis Bessede, visitez son site.









Ce texte a été publié pour la première fois, dans le cadre des Vases Communicants de décembre 2015, sur le blog de Lamber Savigneux : Les vents de l'inspire.






vendredi 5 février 2016

Vases Communicants du 5 février 2016 : Invitée : Anne-Sophie Bruttmann : Tension noire (1/2)



Kate gun belt seated front view © Sam Haskins



J’ai toujours aimé les armes à feu. Surtout avec le bruit du silencieux. Je m’interroge régulièrement sur le modèle que je pourrais posséder. Maniable, pas trop lourd.


J’imagine passer le balai à coups de .38. Devenir tueur à gages, en faire un métier, gagner de l’argent. Etre engagée et désirée comme une actrice, minuter des scènes et contrôler la chute. Evidemment tirer, c’est viser. Centrer. Une photo. Défilent ces images en noir et blanc, imaginaires sans doute, où je crois voir du Moriyama. En tout cas je vois le Japon en feu, les maisons détruites. La bombe.


Marcher dans la fumée, tenace, avec un but, parce que la vie c’est long quand on y est perdu, qu’on ne sait pas quoi en faire. Ne te pointe pas devant moi. Ne me cherche pas. Je tire.


Je l’entends dire : c’est un substitut phallique les armes. C’est possible. Je n’ai rien lu là-dessus, je ne parle pas des terroristes. Les gens ne comprennent pas la douceur de l’arme dans la main, l’équilibre, cette tension noire. Voyez, ce n’est pas le pouvoir : c’est doux, c’est tendre, ça se caresse comme un sexe.


Je ne prends pas la vie. Je m’en fous de la vie. C’est la mort qui est belle. Le silence. Les yeux fermés. Les membres tordus. C’est à cet art-là que je tends. Des scènes étendues, étirées, le tempo sans couleur. Je vois le film, le négatif comme autrefois, impressionné de rouge en noir. La mort est belle en noir et blanc.


François Bon a été à l’origine de ces échanges le premier vendredi de chaque mois, que j’ai découverts alors qu’ils étaient coordonnés par Brigitte Célérier ; Angèle Casanova a pris le relais à partir de novembre 2014. Je remplace Angèle depuis le mois de novembre dernier.


Aujourd’hui, j’ai donc le très grand plaisir de recevoir Anne-Sophie Bruttmann pour ces Vases Communicants et de publier son texte « Tension noire (1/2) » sur La dilettante.


Je la remercie d'accueillir mon texte « Tension noire (2/2) » son blog : annesodiversetvariations.